Le Roi des Krols – Olivier Martinelli

Leha éditions

Le Livre des Purs

« De paisibles villages Belecks, nichés au fond d’une vallée perdue, sont attaqués un soir par une armée innombrable et effroyable venue les anéantir. Leurs ennemis séculaires, les Palocks, sont venus pour s’emparer d’un manuscrit qui confère un grand pouvoir à ceux qui le possèdent.

Comme les jeunes de son âge, Daan, formé depuis la naissance au maniement de l’épée, doit combattre pour sauver son peuple. Au cours de cette sanglante bataille, il voit son père, qu’il croyait simple charpentier, se transformer en terrible chef de guerre.

Ainsi débute une épopée qui va donner naissance à des légendes dont celle d’un héros hors du commun : Daan le Rouge. »

Un univers plein d’adversité

Olivier Martinelli propose l’histoire, d’un peuple, celui des Belecks, d’une famille, celle de Kal et enfin celle d’un homme, Dan Le Rouge. Il s’agit avant tout d’une histoire de résistance, de lutte contre un oppresseur froid et implacable. Le récit d’une reconquête, et c’est en cela qu’il est vraiment intéressant : nous sommes loin de l’unique vision d’un reconquête d’un territoire cédé à l’ennemi. Un homme doit convaincre un peuple, ainsi que sa famille avant de pouvoir passer le relai.

Kal le Roi des Belecks, autrefois Roi des Krols, a abandonné sa charge sous la pression populaire, qui aspirait à une certaine « liberté ». A nos yeux, une telle ambition est plus que louable, même si le souverain serait ce que Voltaire qualifierait d' »éclairé ». Mais voilà, ce peuple a choisi une voie qui fut la sienne, couronnant en lieu et place d’un roi, Kal, un conseil de 5 personnalités… qui rapidement exigèrent un mandat à vie… Nous pourrions deviser gaiement sur l’immaturité ou le jugement de ces drôles de krols!

Kal respecta cette décision, même s’il lui en coûta, même si intérieurement ce revers alors qu’il défendait son peuple fut amer. Il s’établit plus loin dans l’anonymat le plus complet, avec une poignée d’amis fidèles. Il fonda une famille, devint un artisan discret et peu dissert. Il enseigna à ses enfants, tout aussi discrètement, certains de ses savoirs sous couvert d’une leçon ou d’une autre. Il les éduqua dans un but bien précis car il craignait le retour des Palocks, l’armée qu’il vainquit avant de se faire chasser.

Ces êtres humanoïdes, peut-être humains d’une certaine façon, resteront bien mystérieux une grande partie de ce premier tome. Nous connaissons quelques caractéristiques physiques et psychologiques. Ils sont grands, minces, plutôt blafards, et possèdent 6 doigts. Leur armée est vaste et bien organisée, grâce à une discipline innée associée un sang froid remarquable. Bien huilées, ces troupes sont inarrêtables ou presque; en effet dans tout engrenage aussi minutieux, un seul grain de sable un poil conséquent provoque du grabuge.

C’est ce que Kal, accompagné de ses filles et fils réalisent lors de l’invasion de leur contrée. Il semble que ce dernier sache ce qui motivent réellement les Palocks, en dehors de visée hégémonistes; contrairement au lecteur qui découvrira ce qui les anime peu à peu. Un livre serait un enjeu de poids. Et des vierges.

Nous pouvons classer Le Roi des Purs d’Olivier Martinelli comme un roman médiéval-fantastique, avec un cadre de vie rustique, des habitants regroupés en hameau et parfois dans des villes retranchées derrière des remparts. Sans être original, l’ensemble est très cohérent et véhicule une impression de rudesse et d’âpreté. L’ambiance se détache des productions de fantasy habituelles par cette ambiance d’isolement, et de rusticité, qui perdure d’ailleurs tout au long du roman. La vie dans le pays des Krols est loin d »être aisée, et les Palocks ne la rendent que plus difficile.

Un roman initiatique

Seul Kal a été évoqué jusqu’à présent, car c’est le personnage proéminent lors des premiers chapitres avant que Dan, son fils prenne la mesure de ses savoirs et compétences. Il est jeune avec ses 17 printemps, et la situation ne va guère lui laisser le temps de conter fleurette ou de faire des virées bucoliques. Surtout que nous rentrons rapidement au cœur de l’action… dès les premières lignes!

Dans ce roman polyphonique, nous allons assister à son essor aux yeux de son père, de sa famille et enfin de son peuple.

Roman initiatique, doté d’une trame classique – oui, le classique, c’est très bien aussi – Le Roi des Krols peut laisser dubitatif avec une telle proposition. Il est vrai que les premières pages m’ont fait craindre un roman initiatique doublé d’un veine Young Adlut, combo rarement apprécié dans ces pages.

Olivier Martinelli évite l’écueil, et au contraire, nous offre un récit plein de passion, de prise de conscience et aussi d’action. Dan Le Rouge est un des narrateurs de l’histoire et le principal d’entre eux. Il est loin d’être naïf et, le regard qu’il porte sur les événements ne sont ni mièvres, ni fanfarons. Avec un personnage jeune, nous aurions pu craindre les scènes pathos, et il n’en est rien, alors que certains passages se prêtent à ce travers…

Une fantasy de bon aloi

Inversement, adopter un humour noir ou une approche cynique ou amère pour coller à la Dark Fantasy aurait gâché le ton, et donc la cohérence du roman. Aussi, ai-je vraiment apprécié non seulement l’ambiance rustique, mais aussi la justesse d’Olivier Martinelli.

Le rythme est élevé, ce qui est fort plaisant, et les descriptions nécessaires à l’immersion ne sont pas oubliées. Comme mentionné si-dessus, il ne s’agit pas de Dark Fantasy, ni d’un roman offrant une magie débridée avec des sorts spectaculaires. Cette dernière est bien présente, plutôt du côté des Palocks, mais elle reste mesurée aussi bien dans son utilisation que de dans ses effets. En revanche, il n’y a pas de système de magie identifié. Le bestiaire réserve quelques surprises qui font froid dans le dos, à moins que ce ne soit la flore qui remporte la palme de la sueur froide!

Lecture aisée, plume nerveuse, chapitres courts, ces ingrédients complètent le portrait d’un roman dévoré rapidement!

Le Rois de Krols d’Olivier Martinelli est un roman initiatique réussi, immersif, et addictif. Belle proposition.

Ce livre est pour vous si :
  • Vous aimez les romans qui se lisent comme une sucrerie
  • Vous souhaitez vivre une aventure prenante et nerveuse
  • Vous adorez les histoires de découverte de soi
je vous le déconseille si :
  • Si les romans initiatiques vous sortent par les yeux
  • Rien ne rivalisera avec Fitz
  • Quoi? il n’y a même pas une boule de feu ?!!!

Autres chroniques :

Le Crocro, le chroniqueur

Un petit coup de pouce pour votre lutin adoré :

Envie de soutenir le blog ? Vous pouvez le faire en passant par le lien en dessous (pas de frais supplémentaire!).

Le Roi des Krols

Ceci m’aide à financer l’hébergement du site sans publicité et à organiser des concours avec des romans à offrir.

13 réflexions sur “Le Roi des Krols – Olivier Martinelli

  1. Quand je pense qu’Olivier et moi on trimait sur les mêmes bancs de lycée et on faisait nos devoirs de maths ensemble.
    Il est devenu prof de maths dans notre lysée et un auteur qu’il faudra que je découvre!

    Aimé par 1 personne

  2. Deux lecteurs de fantasy dans mon entourage ne l’ont vraiment pas apprécié ce livre, alors j’avais un peu abandonné l’idée de le lire. Mais maintenant j’ai un doute en lisant ta chronique ^.^ »

    Aimé par 1 personne

    • Cela dépend de leurs lectures habituelles. Comme je l’écrit il détonne un peu car, il reste sobre, pas spectaculaire surtout du côté magie, la vie est rustique et nous sommes loin de la vie idéalisée que l’on trouve dans la plupart des romans de fanatsy. Le ton est en adéquation avec tout cela, alors, il peut justement surprendre en fonction des attentes.

      Aimé par 1 personne

  3. J’avoue que l’assassin royal est un classique sur lequel je suis un peu passé à coté. Je n’ai même pas terminé l’univers après la seconde trilogie car celle ci ne m’avait pas plus intéressé que ça.

    Bref, je note celui ci, si il sort en poche ou si je le trouve à la médiathèque j’irais voir de plus prêt 🙂

    Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire