Bifrost 97
« Abondance des données, pénuries d’informations » – Ken Liu
La famille Fort fait face à un drame familial brutal, Haley la cadette a été victime d’une fusillade lors d’un festival. Afin de sensibiliser les habitants sur la vente livre des armes à feu, la mère Abigail, accepte d’endosser un rôle « d’ambassadeur ». C’est le début d’une seconde épreuve presque aussi douloureuse que la perte d’un enfant.
Ken Liu signe avec Pensées et Prières une nouvelle coup de poing. Il démontre, une nouvelle fois, un brio remarquable dans la forme courte. Il jumelle en 14 pages trois thèmes importants aussi bien par leur prééminence dans les sociétés que par le potentiel passionnel et sensible des sujets en question.
Évidemment, la vente libre des armes à feu est une des premières thématiques qui frappera le lecteur. Nonobstant le potentiel clivant de ces transactions, surtout aux USA, ce point apparaît comme un levier narratif. Ken Liu l’évoque de manière claire et précise, les circonstances du récit se chargent du plaidoyer. Alors, il lui est bien inutile d’insister, le lecteur est sensibilisé.
En effet, le drame qui touche la famille Fort est décrit de manière polyphonique, par les parents, la tante et la sœur de Halley. La peine, la difficulté à faire le deuil, à dépasser ce tragique événement prend de la force à chacun des témoignages.
Tous veulent conserver des souvenirs de l’être aimé, avec l’évolution de la technologie dans un futur proche, les moyens se diversifient. Ces personnes aspirent à revivre les moments qui comptent, cherchent même à modifier les dernières heures passées pour communiquer un attachement, pour laver le quelconque.
Ce besoin de mémoire, si proche du devoir de mémoire bien que personnel, pourrait s’apparenter à la novella de Ken Liu, L’Homme qui mit fin à l’Histoire. Les cheminements sont différents, les tons opposés avec, ici, une proposition empathique, alors que le court roman adoptait une approche clinique. En revanche, les similitudes sont fortes, sur ce besoin/devoir de mémoire, même si l’un est personnel et intime, alors que l’autre est national et collectif.
Enfin, Ken Liu évoque essentiellement la face cachée du net, « la dépravation humaine » qui agit avec « courage » et malveillance sous couvert d’anonymat. Il y dénonce une dérive pernicieuse, mais également un système basé sur l’hypocrisie, et des victimes qui pêchent par naïveté ou par conformisme. Il y avait une vidéo – excellente – sur le harcèlement des réseaux sociaux qui recoupe le propos de Ken Liu. (je vais essayer de la retrouver)
Franchement, il est fort Ken Liu. A lire absolument!
C’est lundi! le lundi c’est chez le MAKI !
A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
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Oui elle est percutante cette nouvelle et très riche aussi car au final l’auteur aborde pas mal de thématiques dans peu de pages et de façon très clair. C’est vraiment un brillant narrateur, Ken Liu.
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Cette nouvelle a été un gros coup de coeur, ça faisait des années qu’une nouvelle ne m’avait pas percuté à ce point ! Dommage que je n’ai pas accroché aux autres nouvelles de ce bifrost par contre. Tu les as chroniqués aussi ? Je pensais tout chroniquer la semaine prochaine.
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[…] neuf sur ma pile ? (Pensées et prières), Les lectures de Xapur (Pensées et prières) , Albédo (Pensées et prières) ou signalez-vous en commentaire (surtout si vous avez parlé des deux autres textes […]
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[…] Pensée et prières de Ken Liu […]
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Je sais je Dois découvrir Ken Liu cette année ^^
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oui, TU DOIS!!! 😉
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[…] Avec la nouvelle de Ken Liu, Pensées et Prières […]
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Toutes tes chroniques de Ken Liu, très agréables à lire, me renforcent dans mon choix de la prochaine lecture !!
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