La saga Vorkosigan

Un soleil brille dans le microcosme de la SF.

3 prix Hugo, 2 prix Locus, 1 prix Nébula

Je vous avez promis cet article depuis un petit moment, concocté spécialement pour convaincre quelques amateurs de SF qui ne s’y sont pas encore immergés. Si,si, ils existent!
Il s’agit surtout de décrire la richesse de l’univers et de ces thématiques, ainsi que d’indiquer l’ordre de lecture interne au cycle. Cependant, Lois McMaster Bujold nous offre des romans qui se suffisent à eux mêmes, comportant un début, un milieu et une fin. Ainsi, le lecteur ne se sent-il pas obligé de lire tous les récits de la saga, et peut sauter quelques tomes ou ne profiter que de ceux qui l’inspire vraiment.

Découvrons, si ce n’est déjà fait, la saga Vorkosigan.

Vous pourrez dénicher sur le net, de nombreuses informations sur le cycle lui-même. Je souhaite vous proposer un condensé associé à un parti pris évident. J’adore cet univers et surtout l’humour pétillant, fin et varié de l’auteur. Ce billet est donc un article introductif qui a vocation de pense-bête.

L’univers

L’univers de l’auteur est très cohérent, bâti avec soin. Nous pourrions lui reprocher son anthropocentrisme, car tout y est basé sur l’être humain, Lois ayant pris le parti initial d’une humanité esseulée dans ce coin de la galaxie.  L’humour qui ne rime pas avec loufoque, pastiche ou légèreté de construction, s’avère un élément clé de la saga, permettant de faire passer les messages et de démonter la vanité de certains hommes, ou l’inanité de certaines positions. Avant tout, McMaster Bujold souhaite divertir, faire sourire, amuser tout en incluant un fond, presque au corps défendant de l’amateur.

Les événements contés se déroulent à compter de deux millénaires de notre ère, dans un rayon d’action proche de la Terre. Quelques éléments laissent penser que nous avons colonisé notre bras de la galaxie mais guère plus, sans rencontrer l’E.T. tant espéré, même les êtres à quatre bras que sont les quadies sont issus de notre espèce.

L’humanité a réussie à peuplé cette vaste zone grâce à la technologie des trous de ver, des anomalies rencontrées aux abords de certains systèmes stellaires. Le voyage à la vitesse de la lumière n’existe pas. La propulsion est rapide mais pas au point de pouvoir galoper d’étoile en étoile. Ces trous de ver sont donc des point stratégiques et névralgiques vitaux, et forcément l’enjeu de quelques passes d’armes politiques ou militaires mémorables.

Ces positions sont d’autant plus vitales que nous ne découvrons pas une ou deux entités culturelles, mais six ensembles en concurrence plus ou moins directe.  Le système phare de cette saga reste Barrayar, sur lequel nous reviendrons plus en détail. Il s’agit de la patrie du personnage emblématique Miles Vorkosigan.  Cette planète possède deux colonies :  Komarr et Segyar, elles aussi, sources de conflits.

L’antithèse culturelle est personnifiée par la Colonie Béta, berceau de Cordélia, Mme Aral Vorkosigan et mère de Miles. Tout oppose ces deux nations, la première rigide, martiale et féodale, la seconde revendiquant la liberté et prêchant l’hédonisme.

A la périphérie, mais nous découvrons les pirates de l’Ensemble Jakson, la planète Escobar qui a le privilège de se situer entre Barrayar et Béta…. Enfin, l’Empire de Cétaganda qui aura une place de choix dans cette aventure, et pour finir Quaddie un regroupement de stations spatiales.

La science

Peupler son bras de la galaxie a exigé un bond technologique important, surtout dans le domaines de la génétique. Le lecteur se familiarisera avec ce nombreuses sciences et techniques, quoique leur diffusion reste assez disparate en fonction des zones.

Au niveau Biologique et social, l’homme maîtrise :

  • la prolongation de l’espérance de vie (elle est aux environ de 150 ans)
  • les grossesses extra-utérines
  • la cryogénisation
  • les changements de sexe, même hermaphrodite
  • le clonage, même humain
  • le génie génétique

En technologie :

  • la gravité artificielle
  • la terraformation
  • L’IA même si ce thème reste limité
  • les stations spatiales et les vaisseaux
  • de nombreux armements plus ou moins exotiques et létaux….

L’histoire

Vous aurez deviné que Barrayar, au même titre que Miles, occupe une place de choix dans cet univers. La colonisation de l’espace a commencé il y a peu ou prou deux mille ans, suite à la découverte des anomalies que sont les trous de ver. Ce fut une période extraordinaire pour l’espèce humaine qui se précipita pour ensemencer l’univers de son génie.

Or, un incident est intervenu au début de l’occupation de la planète Barrayar, les colons furent coupé du reste de l’humanité. Par conséquent, ils connurent une régression sociale prononcée,  adoptèrent une structure proche du Moyen Âge; association d’où découla un fort taux de co-sanguinité après plus d’un millénaire. Ce peuple déterminé rattrapa son retard technologique avant de reprendre le chemin de l’espace et d’accéder au trou de ver. Bond technologique ne rime pas forcément avec structure démocratique, le système féodal reste à l’ordre du jour dans cette société d’inspiration russo-slave, militaire et expansionniste. Il ne s’agit pas pour autant d’une apologie du militarisme ou de l’impérialisme, bien au contraire.

Le système social semble connaître une légère mutation sous la régence d’Aral Vorkosigan, père de Miles et surtout époux de Cordélia, originaire de Béta, une colonie connaissant une société si différente. Dire que cette femme de tempérament exerce une influence sensible sur son dur et tendre, serait un euphémisme…..

Les thématiques

Les thématiques sont liées à l’être humain en tant qu’être biologique et politique. De nombreux thèmes tournent autour du génie génétique : eugénisme, manipulation génétique, clonage, éthique biologique, transhumanisme,…

D’autres sujets jettent un pont avec l’animal politique et social : la sexualité, l’hérédité, hérédité par le sang, la différence,…

Avant d’aborder les thèmes politiques : les structures sociales, le contrôle de masse, le totalitarisme, le libre-arbitre, l’identité, la place de la femme,….

Les personnages

Une partie qui ne se veut pas exhaustive car nous rencontrons des figures différentes à chaque tome. Sachez que McMaster Bujold est habile dans ce domaine, et apporte beaucoup de soin à la construction de ses personnages.

Outre, l’indétrônable Miles, au niveau du casting récurent, vous trouverez :

  • Aral, le pére
  • Cordélia, le mère
  • Piotr Vorkosigan, le grand-père
  • Ivan Vorpatil, le meilleur ami
  • Botahri, le garde du corps,
  • Elena, la fille de Botahri
  • Grégor Vorbarra, le prince héritier
  • Erza Vorbarra, le grand-père de Grégor et machiavélique Empereur
  • Ilyan, le chef des services secrets de Barrayar.

La chronologie interne de la saga Vorkosigan

  •  – 200 ans avant Miles : Opération Cay (Falling Free – 1988) – Prix Nébula
  • 2/3 ans avant la naissance de Miles : Cordélia Vorkosigan (Shard of Honor – 1986)
  • M-0 : Barrayar (Barrayar – 1991) – Prix Hugo & Prix Locus
  • Miles, 17 ans : L’apprentissage du guerrier (Warrior’s apprentice – 1986) – Prix Hugo
  • Miles, 17 ans : Les montagnes du deuil (Mountains of mourning – 1989)
  • Miles, 20 ans : Miles Vorkosigan (The Vor Game – 1990)
  • Miles, 22 ans : Cétaganda (Cetaganda – 1996)
  • Miles, 22 ans : Ethan d’Athos (Ethan of Athos –  1986)
  • Miles, 23 ans : Le labyrinthe ( The labyrinthe – 1989)
  • Miles, 24 ans : Les frontières de l’infini (The borders of infinity – 1989)
  • Miles, 24 ans : Un clone encombrant (Brother in arms – 1989)
  • Miles, 27 ans : La Danse du miroir (Mirror dance –  1994) – Prix Hugo & prix Locus
  • Miles, 29 ans : Memory (Memory – 1996)
  • Miles, 30 ans : Komarr (Komarr – 1998)
  • Miles, 30 ans : Ekatherin (A civil Campaign – 1999)
  • Miles, 31 ans : Le poison du mariage (Winterfair Gifts –  2004)
  • Miles, 32 ans : Immunité diplomatique (Diplomatic Immunity  – 2002)
  • Ivan, 35 ans : L’alliance (Captain Vorpatril’s Alliance – 2012)
  • Miles, 39 ans : Cryoburn (Cryoburn – 2010)
  • Cordélia, 76 ans : La reine rouge (Red Queen – 2016)

 

29 réflexions sur “La saga Vorkosigan

    • C’est à raison que l’on en dit du bien. Tu remarqueras que je n’ai pas tout lu jusqu’à Miles Vorkosigan. On peut piocher les romans presque dans n’importe quel ordre, sauf si l’on souhaite se le faire chronologiquement.
      Il faut se laisser tenter!!

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  1. Je suis au regret de t’apprendre que ton recapitulatif de la saga ne va pas me convaincre… Ton billet sur le roman Miles Vorkosigan m’a fait passer à l’acte de lecture. J’en suis au tiers et pour le moment j’y retrouve tous les éléments sympathiques que tu signales.
    N’etant pas un fan de space op et de sf militaire, ici l’auteur n’en garde que l’emballage pour mon plus grand bonheur.
    Merci de m’avoir fait découvrir cette saga.

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  2. Je ne vois ton post qu’aujourd’hui ; mieux vaut tard que jamais ! Merci pour ce résumé réussi de l’univers de la Saga.
    Je crois qu’on n’insistera jamais trop sur la finesse et la profondeur des personnages de cette série de SF militaire, mais pas militariste. Ayant lu dans le même mois le 20e tome de la Saga (« La reine rouge ») et les deux premiers tomes de « Lazare en guerre » de Jamie Sawyer, ce détail prend tout son sens.
    Je te cite, parce que ton résumé est particulièrement signifiant : « L’humour […] s’avère un élément clé de la saga, permettant de faire passer les messages et de démonter la vanité de certains hommes, ou l’inanité de certaines positions. » Lois McMaster Bujold est une humaniste avant tout, et c’est bien tout ce qui fait la valeur de son oeuvre.

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    • Merci beaucoup!
      On sous estime baeucoup l’humour et la force qu’il possède intrinséquement. Tout passe mieux, à tel point que l’effort de l’auteur paraît moins important alors que c’est sans doute le contraire.
      J’adore Bulold et cette saga.

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