L’épée de l’Ancillaire – Ann Leckie

L’épée de l’Ancillaire d’Ann Leckie

Les chroniques du Radch, tome 2

Nouveaux Millénaires

Prix Locus 2015

Tout comme le premier tome, L’épée de l’Ancillaire a ravi le prestigieux Prix Locus 2015, contrairement à celui-ci, ce roman n’a pas remporté le grand Chelem (Locus, Nébula, Hugo,…). Ma découverte de La Justice de l’Ancillaire avait été très pénible comme vous pouvez le constater dans ma critique. J’avais été non seulement déçue par le fond – les 4 plus grands prix de la SF, excusez du peu! – et par la forme. Malgré cette grosse déception et une lecture laborieuse, il y avait un petit quelque chose d’indéfinissable qui m’avait permis de terminer le roman et d’envisager d’ouvrir le tome 2.  Je viens d’achever L’épée de l’Ancillaire, et je ne comprends toujours pas l’attribution d’un tel prix.

Le choix de traduction n’a pas varié d’un iota. Les humains sont toujours désignés par le pronom féminin (she/her in VO), les ancillaires et  Brecq/Justice de Toren le sont désormais par le pronom masculin (he/his in VO). Une fois accoutumé à ce parti pris, la lecture demeure un peu perturbante car le lecteur ne sait jamais s’il s’agit d’un homme ou d’une femme (sans doute la base sur laquelle s’appuie le Prix Locus). Lorsqu’une personnage dit qu’elle va « pisser dans un seau« , je suppute qu’il s’agit d’une représentante masculin de l’espèce humaine… mais ce n’est pas certain (les fautes sont volontaires; désagréable, n’est-ce pas ?).

Ce qui met au supplice le lecteur sont ces innombrables fautes d’orthographes volontaires. Cela fait mal au yeux et incite à une lecture en diagonale, ce choix m’est encore aujourd’hui incompréhensible, en plus d’inutile (en anglais, il n’y a pas cette problématique d’accord en nombre et genre), le français est une langue genrée. Point.

L’épée de l’Ancillaire est le tome intermédiaire de cette trilogie des chroniques du Radch. Un empire multimillénaires qui s’étend sur des milliers de mondes. La maîtresse de l’Empire ( il/elle ?) âgé(e) de 3 000 ans a conquis ces territoires essentiellement par la force et les a soumis à un lavage civilisationnel. En effet, la civilisation, ce sont eux qui la détienne (comme la vérité),  radchai est synonyme de civilisé (terme exclusif); une posture à l’image de certaines philosophies/pays/pensées politiques/religieuses passées, présentes ou futures de notre Terre. Une des essences même de cette évolution vers l’état de civilisé (donc radchai) est la cérémonie du thé qui l’emprunte vaguement à la culture nippone. Ainsi, tout ce qui touche à ce rituel : la consommation, la qualité du produit, les ustensiles et surtout le service lui-même, est-il primordial et concours – t-il à l’appréciation du degré de civilité du monde en question… Le lecteur a droit a de multiples scènes tournant autour de ce cérémonial, fondement d’un empire. Mais, finalement, cela ne m’a pas ennuyé autant que je l’aurai pensé, car peu à peu s’esquisse les contours d’un petit puzzle…

L’univers du tome 2 ne se résume pas uniquement au thé et a l’histoire de conquêtes bien qu’il soit trop peu exploité et enrichi. Nous découvrons la vie sur la station Athoek, la planète au thé,  les ressorts de l’intégration – ou pas – d’une communauté non radchaïe à la base, et les IA de ce monde ( vaisseaux et station) nous sont peu à peu dévoilées. Et il y a les mystérieux Presgers et la Porte fantôme…

Le rythme du roman n’est pas excellent, ni un modèle du genre. Nous avons un premier tiers qui est plutôt sympathique avec une avancée dans l’histoire, des découvertes, la mise en place des éléments de frictions et le rituel du thé. Puis nous subbisons un très gros tiers langoureux, ou tout est assez plat ( histoire, personnages, interactions), peu de révélation, des dialogues presque incompréhensibles et de nombreuses cérémonies du thé. Brusquement, le rythme s’endiable sur un tout petit quart du roman, qui voit des révélations, un emballage final durant lequel les trames secondaires se rejoignent, la résolution de l’intrigue principale, une ouverture mystérieuse et alléchante pour le 3° volet des chroniques et quelques rituels du thé.

Au final, le lecteur se demande s’il y a des points positifs autres que ceux brosser sommairement au-dessus. Outre la construction d’un univers intéressant, mais à développer, le personnage de Brecq/Justice de Toren est prenant et central.  L’ancillaire commande son propre vaisseau avec une mission bien particulière et casse-g***. Nul ne connaît sa véritable nature si ce n’est Seivarden, et c’est un point d’ancrage du récit. Les capacités de Brecq lui permettent de communiquer directement et différemment avec les IA, de s’en faire d’éventuels alliés, d’avoir des points de vues variés et poussés, un comportement qui déstabilise mais également des approches prometteuses ou… désastreuses. Finalement, ce personnage est réussi et au cœur de l’intérêt de ce roman, avec en suspens la question de savoir si l’identité du Justice de Toren sera levée et les conséquences…

Ann Leckie nous propose un traitement de l’IA  captivant et sensible ( autre élément de l’attribution du prix ?) qui gomme partiellement certaines faiblesses de rythme et de clarté de L’épée de l’Ancillaire. L’univers mérite d’être un peu plus développé, en attendant de savoir ce qui se cache derrière la porte fantôme et quelle Anaander Mianaai prendra le dessus.

Je lirai la suite des aventures de Brecq.

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18 réflexions sur “L’épée de l’Ancillaire – Ann Leckie

  1. Je ne sais pas si on peut vraiment parler de fautes d’orthographe pour ce choix volontaire, après tout, la SF extrapole, pourquoi pas par le langage 😉
    En tout cas j’ai beaucoup aimé ce deuxième tome, comme j’avais adoré le premier 🙂

    Aimé par 1 personne

    • Je serais 100% de ton avis si ce choix était à l’initiative de l’auteur. Ici, ce n’est pas le cas et la SF peut extrapoler le langage oui, mais c’est toujours mieux si cela ne rend pas la lecture fastidieuse.
      Je suis heureuse que tu aies adoré, j’espère que l’on voit que malgré les écueils signalés, j’ai aimé ma lecture… j’attends le tome 3!

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    • XD
      Effectivement, tu ne vas pas entamer le deuxième! C’est vrai que le premier est très particulier, il m’ fallu un bon moment pour le lire et je m’y suis pris à plusieurs reprises!

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    • la question principale à mon avis : une fois le tome 1 achevé, avais-tu envie de lire la suite ? Si oui clair, vas-y. Si non ou grosse indécision, il y a encore tant à lire de qualité… (C’est « mieux fait » que le un, mais sans surprise et toujours avec une lecture agaçante.

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