đŸȘ Au-delĂ  du gouffre : une lecture vertigineuse de Peter Watts

Peter Watts est l’un de mes auteurs de prĂ©dilection. Oui, je dis « mes », et alors ? Cette petite tendance Ă  la possessivitĂ©, je l’assume pleinement. VoilĂ , je suis comme cela. J’adore Watts.

J’ai attendu ce recueil de seize nouvelles avec une impatience folle Ă  sa sortie, et tout autant avec cette nouvelle Ă©dition. Quand le livre est enfin arrivĂ©, l’excitation le disputait Ă  l’angoisse : pourvu que mon souvenir soit Ă  la hauteur de mon auteur.

Au-delà du gouffre tient-il sa promesse, ou nous laisse-t-il tomber dedans sans ménagement ?

Cinq parties, cinq thĂ©matiques distinctes, des textes de grande qualitĂ© – dont trois primĂ©s, avec en tĂȘte d’affiche L’Île et son prix Hugo 2010. Rien que cela. Allons voir de plus prĂšs.

Jetons-nous à l’eau.

🧬 Partie 1 : Cinq pĂ©pites d’ouverture

Une premiÚre partie de haute volée, qui ne comporte pas de titre. Cinq nouvelles la composent, sans thématique clairement identifiable
 à premiÚre vue.

Les choses (pas La Chose)

La premiĂšre fois que je l’ai lue, il y a quelques annĂ©es dĂ©jĂ , une donnĂ©e importante m’avait Ă©chappĂ© : Peter Watts a Ă©crit ce court rĂ©cit en hommage Ă  un film dont il est fan, The Thing. C’est la raison pour laquelle il le considĂšre comme une fanfiction. Cette prĂ©cision est capitale, car une fois le film connu, Les choses prend une tournure tout Ă  fait nouvelle.

L’entitĂ© en question dĂ©couvre peu Ă  peu la nature de ses hĂŽtes aberrants, inhospitaliers et vengeurs. L’ĂȘtre de cauchemar s’humanise progressivement Ă  nos yeux lorsqu’il devient Ă©vident que son crĂ©do est la survie, les consĂ©quences de son occupation temporaire et multiple relevant davantage de la mĂ©connaissance que de la malveillance.

Petit par la taille, grand par la profondeur : c’est la premiĂšre chose qui me vient Ă  l’esprit. En si peu de pages, la nouvelle regorge de thĂ©matiques :

  • opposition homme/alien,
  • esprit centralisĂ© contre intelligences composites,
  • facultĂ© d’adaptation, homme-cancer, survie, instinct


Ce qui m’a particuliĂšrement frappĂ©e, c’est la grande compassion Ă©manant de cette crĂ©ature… Les choses est une nouvelle d’une trĂšs belle envergure, Ă©mouvante et bluffante. Cela commence trĂšs, trĂšs fort.

Le Malak

Il s’agit de drones perfectionnĂ©s et autonomes. La diffĂ©rence avec notre rĂ©alitĂ© ? Outre des capacitĂ©s techniques avancĂ©es, ils disposent d’une quasi-IA. Cette intelligence s’en rapproche sans jamais l’épouser complĂštement : sans conscience, ce n’est qu’un puissant boulier.
Point d’intelligence composite ici, mais une intelligence composĂ©e, qui commence Ă  s’interroger sur les ordres reçus, sur des destructions pourtant Ă©vitables.

Pas de rĂ©elle surprise avec ce texte traitant de l’accession Ă  la conscience. C’est bien fait, agrĂ©able Ă  lire, mais un peu attendu.

L’Ambassadeur

Peter Watts nous a déjà offert une fabuleuse histoire de premier contact avec Vision aveugle. Il réitÚre ici avec ce texte court et angoissant.

Le vaisseau Zombie et son pilote, Kai, rencontrent enfin une forme de vie alien dans notre vaste univers. L’engin extraterrestre, qui ressemble Ă  un arbre, les vaisseaux aliens de Watts Ă©tant toujours Ă©tranges, ne daigne rĂ©pondre que tardivement aux tentatives de contact et de salutations. Et c’est pour lancer un virus informatique, aussitĂŽt suivi d’un missile.
Kai s’enfuit d’un bond dans l’espace inconnu. De saut en saut, de bond en bond, l’affreux vĂ©gĂ©tal ne cesse de le rattraper
 et de vouloir l’expĂ©dier ad patres.

Le rĂ©cit Ă  la premiĂšre personne renseigne le lecteur sur l’évolution technologique humaine, la nature de Kai, ses rĂ©flexions et ses espoirs. Il distille Ă©galement des indices sur la corrĂ©lation entre survie et agressivitĂ©, ainsi que sur les conditions mĂȘmes de l’évolution.

Nous avons ici les prĂ©mices d’une thĂ©orie liant agressivitĂ© et Ă©volution. Un trĂšs bon cru.

Nimbus

Ou la rĂ©volte du ciel contre l’humanitĂ©. Les Ă©lĂ©ments se dĂ©chaĂźnent au point de ravager tout sur leur passage, ciblant principalement les nƓuds stratĂ©giques appartenant Ă  l’homme.

Sans doute la production la plus faible du recueil. L’idĂ©e est intĂ©ressante, mais le traitement manque d’impact et laisse peu de traces.

Le second avĂšnement de Jasmine Fitzgerald

Une boucherie. Des tripes vomies sur le parquet, un océan de sang, une Jasmine éberluée, un couteau encore sanglant entre les mains
 et son mari, mort. Bien mort.
Tel est le tableau que dĂ©couvrent les policiers dans l’appartement du couple.

Un psychiatre chargĂ© de son Ă©valuation psychologique dĂ©couvre peu Ă  peu un monde diffĂ©rent, une vision de la matiĂšre autre, mouvante. D’abord dubitatif, l’expert se laisse sĂ©duire par les thĂ©ories de Jasmine.

Un rĂ©cit de trĂšs grande qualitĂ©, jouant avec des notions physiques autant qu’avec des fantasmes. Du trĂšs bon Watts, qui amuse les neurones et chatouille les tripes.

Cette premiĂšre partie propose donc cinq nouvelles : une d’un calibre exceptionnel, trois de trĂšs belle facture, et une dont l’intĂ©rĂȘt reste discutable.
Si le point commun peut sembler fuyant – entre extraterrestres, nuages, intelligences artificielles et meurtre sanglant – la thĂ©matique de l’adaptation paraĂźt nĂ©anmoins s’imposer. Une capacitĂ© nĂ©cessaire Ă  la survie, qui se traduit chez Watts par l’expression d’une agressivitĂ© certaine, passĂ©e ou prĂ©sente dans bon nombre de cas. Elle en est la rĂ©sultante, sans pour autant l’absoudre.

Rassurez-vous : les histoires sont captivantes, peuplĂ©es de personnages ou d’entitĂ©s tantĂŽt attachants, tantĂŽt effrayants. L’émotion est au rendez-vous.

Ainsi s’achĂšve cette premiĂšre immersion, Ă©clatĂ©e en formes et en idĂ©es, oĂč Peter Watts explore l’adaptation sous toutes ses coutures – biologique, technologique, psychologique – souvent au prix d’une agressivitĂ© aussi nĂ©cessaire que dĂ©rangeante.
AprĂšs cette mosaĂŻque de mondes et de points de vue, le recueil change d’échelle. Il dĂ©laisse la dispersion des nouvelles indĂ©pendantes pour s’ancrer dans un mĂȘme dĂ©cor, un mĂȘme vaisseau, une mĂȘme errance millĂ©naire.

Cap sur Eriophora.

🚀 Partie 2 : Eriophora – Mon coup de cƓur absolu

ComposĂ©e de trois nouvelles centrĂ©es sur le vaisseau spatial Eriophora, cette partie comprend notamment L’Île, prix Hugo 2010, et pour cause.

Le vaisseau spatial navigue dans l’espace profond depuis des millions d’annĂ©es, de chantier en chantier. Son Ă©quipage arrache des tranches de vie Ă  l’immortalitĂ© afin de construire un vaste rĂ©seau de portes.
Pendant les longues pĂ©riodes de sommeil, Chimp dirige l’engin spatial, n’alertant un ou deux humains qu’en cas d’anomalie. Toute ressemblance avec Alien, le huitiĂšme passager n’est pas totalement fortuite. Bien sĂ»r, une anomalie finit par se prĂ©senter


Bah ! Bah ! Bah ! L’Île mĂ©riterait Ă  elle seule un article tant la richesse de cette nouvelle est remarquable. Au-delĂ  de sa densitĂ© thĂ©matique, c’est la crĂ©ativitĂ©, l’ambiance et la construction du rĂ©cit qui en font toute la saveur.
La chute, tel un pied de nez, est inattendue et nous assĂšne un bon coup de pied au derriĂšre, ou une calotte derriĂšre la tĂȘte, au choix.

L’Île est suivie d’Éclat, qui retrace le parcours de Sunday, la femme rĂ©veillĂ©e pour gĂ©rer la crise survenue dans la nouvelle prĂ©cĂ©dente. La comparaison ne joue pas en sa faveur, mais peu de textes pourraient Ă©galer le voyage quasi onirique vĂ©cu juste avant.
Cette nouvelle reste nĂ©anmoins sympathique et a le mĂ©rite de densifier l’univers d’Eriophora.

GĂ©antes clĂŽt ce triptyque de fort belle maniĂšre. Le vaisseau spatial Ă©merge dans un systĂšme oĂč la collision est inĂ©vitable. L’issue proposĂ©e n’est pas du goĂ»t des humains rĂ©veillĂ©s dans le cadre de cette nouvelle « anomalie ». Alors, pourquoi ne pas utiliser une planĂšte pour traverser une partie du soleil ?

Ça, c’est de la SF ! Certes, pas de grandes envolĂ©es lyriques ni de rĂ©flexion mĂ©taphysique vertigineuse, mais quel spectacle proposĂ© ! La traversĂ©e d’un soleil se fait dans l’angoisse, les frissons et le panache.

Cette partie s’achĂšve sur un regret : j’aurais aimĂ© suivre les aventures de l’équipage, de Chimp et de l’Eriophora bien plus longtemps. Peter Watts nous dĂ©livre ici du trĂšs lourd, non seulement en termes de SF spĂ©culative et spectaculaire, mais aussi par la force de ses personnages et la rĂ©ussite d’un canevas narratif immersif.
Bravo.

AprĂšs les vertiges cosmiques et le panache spectaculaire d’Eriophora, Peter Watts opĂšre un changement de focale. Exit les soleils traversĂ©s et les errances millĂ©naires : le regard se resserre, quitte les grandes manƓuvres spatiales pour s’attarder sur l’intime, le spirituel et le cĂ©rĂ©bral.
Cette nouvelle section dĂ©laisse le sense of wonder pour explorer des territoires plus troubles, oĂč Dieu, la foi et la plasticitĂ© neuronale deviennent les vĂ©ritables champs de bataille.

🧠 Partie 3 : Dieu, foi et plasticitĂ© neuronale

Un mot pour les paĂŻens

Entre Equilibrium et Warhammer, l’auteur canadien nous livre Un mot pour les paĂŻens. Il y est question d’un clergĂ© composĂ© de prĂȘtres-soldats. La foi est techniquement « inoculable » et la croyance devient une certitude.
Une nouvelle assez déroutante de prime abord, mais finalement jouissive.

J’y ai trouvĂ© un bel Ă©cho Ă  ma lecture de La Maison des Derviches, oĂč une autre foi peut Ă©galement ĂȘtre instillĂ©e par nanotechnologie, ici, la technique diffĂšre.

Chair faite parole

Les derniers instants de vie des ĂȘtres vivants sont observĂ©s par Russ. Glauque.

Un récit trop moyen.

Les yeux de Dieu

L’introspection d’un narrateur se rendant Ă  l’enterrement d’un prĂȘtre dont il Ă©tait proche. Ce monologue intĂ©rieur prend place alors qu’il attend les contrĂŽles de sĂ©curitĂ© prĂ©cĂ©dant l’embarquement.

L’évolution technologique est consĂ©quente, et ce type de contrĂŽle par champ magnĂ©tique capte les trĂ©fonds du cƓur
 tel l’Ɠil de Dieu.

Encore une nouvelle qui chahute les neurones : rĂ©ussie, captivante et Ă©tonnante. Peter Watts m’étonne toujours.

Hillcrest contre Velikovski

Le rĂ©cit d’un procĂšs de la rationalitĂ© contre la bĂȘtise, ou contre le crĂ©ationnisme. Un texte judiciaire trĂšs court, qui s’apparente Ă  un pamphlet de l’auteur.
Difficile d’en dire davantage sans vider la nouvelle de sa saveur, tant elle est rĂ©ussie.

ÉphĂ©mĂšre

Y a-t-il une vie aprĂšs la mort ?

Un texte sensible, guÚre amusant, mais qui sonne juste. Pas mon préféré toutefois.

Nous sommes ici dans une partie qui laisse un peu moins de place au sense of wonder et au panache dĂ©ployĂ© jusque-lĂ  par l’auteur. Les textes sont beaucoup plus intimistes, empreints de pudeur et de la nuance habituelle de Watts.
Cette section parle sans doute davantage à notre ñme qu’à nos tripes. Elle compte deux trùs bonnes nouvelles.

AprĂšs cette sĂ©rie de textes plus introspectifs, oĂč Peter Watts interroge la foi, la conscience et l’ñme humaine avec pudeur et nuance, le recueil opĂšre une nouvelle inflexion.
Il ne s’agit plus ici de Dieu ni de croyance, mais du corps lui-mĂȘme, de sa transformation et de ses limites. Le spirituel cĂšde la place au transhumanisme, dans un univers dĂ©jĂ  bien connu des lecteurs de Watts.

đŸ§© Partie 4 : Échopraxie

Une seule nouvelle compose cette section : Le Colonel, qui se dĂ©roule dans le mĂȘme univers que le roman Échopraxie. CentrĂ©e sur le transhumanisme, elle vaut elle aussi le dĂ©tour.

La lecture du roman n’est pas nĂ©cessaire pour apprĂ©cier ce texte, mĂȘme si les deux Ɠuvres s’enrichissent rĂ©ciproquement.
Un bon cru, solide et stimulant, mais néanmoins en deçà des meilleurs textes du recueil.

AprĂšs les spĂ©culations transhumanistes d’Échopraxie, Peter Watts nous entraĂźne vers un territoire qui lui est tout aussi cher : les profondeurs ocĂ©aniques.
Le corps transformĂ© n’y est plus seulement un objet de rĂ©flexion, mais une condition de survie. La science-fiction quitte les hauteurs conceptuelles pour replonger, littĂ©ralement, dans l’abĂźme.

🌊 Partie 5 : Starfish – Retour aux abysses

Deux nouvelles issues de l’univers de la trilogie dystopique Starfish. Nul besoin d’avoir lu ou mĂȘme de connaĂźtre le roman pour entrer dans ces rĂ©cits. Une niche constitue d’ailleurs la base de travail de notre auteur, je vous le prĂȘte un peu, et prĂ©cĂšde le roman Ă©ponyme.

Une niche

C’est grĂące Ă  ce rĂ©cit que j’ai dĂ©couvert Peter Watts. J’ai Ă©tĂ© immĂ©diatement sĂ©duite.

Lennie Clarke et sa compĂšre Jeanette travaillent pour une entreprise opĂ©rant dans des fonds marins impressionnants. Leur corps a Ă©tĂ© modifiĂ© afin d’intervenir Ă  3 000 mĂštres et plus sous les ocĂ©ans. Les deux femmes ne rĂ©agissent cependant pas de la mĂȘme maniĂšre au mal des profondeurs.

RĂ©cit angoissant, Ă  la limite de la claustrophobie, Une niche laisse transparaĂźtre l’expertise et l’amour de Watts pour l’ocĂ©an. La tension grandissante au sein de l’équipe est particuliĂšrement prĂ©gnante.
C’est un texte fondateur, Ă©mouvant et profondĂ©ment flippant. À lire.

Maison

Je me suis souvent demandĂ© ce que devenaient ces humains modifiĂ©s qui se perdaient dans l’ocĂ©an. DĂ©sormais, cette lacune est comblĂ©e.

L’un d’eux s’est Ă©garĂ©, littĂ©ralement et intellectuellement. L’ancĂȘtre reptilien est seul aux commandes lorsqu’il dĂ©couvre un poste de secours au fin fond de l’ocĂ©an. AttirĂ©, l’homme refait peu Ă  peu surface
 mais l’appel de la mer, la tentation de l’oubli, se rĂ©vĂšlent trop forts.
L’abandon est si doux dans les bras de la mùre nourriciùre. Maison.

Contrairement au premier texte, point d’oppression ici, mais une sensation d’infinie libertĂ©. Un trĂšs beau rĂ©cit, poignant et maternel.

🌿 Conclusion

Peter Watts est souvent associĂ© Ă  des rĂ©cits sombres. Ce recueil propose pourtant une autre image, plus nuancĂ©e. Les univers qu’il dĂ©ploie restent Ăąpres, exigeants, sans misĂ©ricorde, mais ils façonnent des ĂȘtres capables de leur tenir tĂȘte. On y perçoit de l’admiration, et mĂȘme de l’amour, pour ces crĂ©atures parfois minuscules, mais toujours grandes dans l’adversitĂ©. Chaque nouvelle en apporte la preuve, en explorant les multiples facettes de ce que nous sommes, ou de ce que nous pourrions devenir.

D’une trĂšs belle facture, ce recueil rend un hommage appuyĂ© Ă  la hard science-fiction par son panache, son Ă©motion, sa crĂ©ativitĂ© et la plume sensible de son auteur. Il faut Ă©galement saluer le travail d’agencement : chaque section conserve une cohĂ©rence interne qui rend la lecture fluide et agrĂ©able. Une fois le livre refermĂ©, demeure une impression rare de justesse et d’harmonie.

C’est une lecture qui fut vertigineuse.

Si vous aimez la hard-SF qui vous retourne les neurones et vous serre le cƓur, foncez. Watts est toujours là, dans le gouffre, à nous tendre la main.

Autres critiques :

Apophis – Le Chien critique – 42 – Orion –

Ce livre est pour vous si :
  • vous aimez le fond et la forme associĂ©s
  • vous souhaitez lire des rĂ©cits courts mais trĂšs percutants
  • vous adorez la hard-sf
Je vous le déconseille si :
  • Les vaisseaux spatiaux qui ne sautent pas, c’est pas fun
  • La hard-sf c’est l’ennui tellement, c’est technique
  • Ah! cela parle aussi de foi….

Un petit coup de pouce pour votre lutin adoré :

Envie de soutenir le blog ? Vous pouvez le faire en passant par le lien en dessous (pas de frais supplĂ©mentaire!). Ceci m’aide Ă  financer l’hĂ©bergement du site sans publicitĂ© et Ă  organiser des concours avec des romans Ă  offrir.

Au-delĂ  du Gouffre de Peter Watts

2 réflexions sur “đŸȘ Au-delĂ  du gouffre : une lecture vertigineuse de Peter Watts

Laisser un commentaire