Sur la route d’Aldébaran – Adrian Tchaïkovsky

Le Bélial – Une Heure-Lumière

Voici un court roman qui illustre parfaitement l’esprit de la collection : court, intelligent et impertinent. Ajoutez à ces quelques qualificatifs, le nom de la dite collection, vous proposant de regarder à des années lumière de notre bonne jeune Terre, secouez, et vous obtenez un cocktail qui a du piquant.

Ces quelques lignes dévoilent en partie, le contenu de ma chronique. Quel divulgâchage!!

Aldébaran est l’étoile la plus brillante dans la constellation du Taureau, signe astral auquel j’appartiens et raison principale de la replacer ( 😉 ) dans ce billet… cet astre est étrangement proche, à 66 années lumière, et n’aura qu’une place menue dans l’intrigue de cette novella.

La sonde spatiale Kaveney découvre une étrange structure aux confins de notre système solaire, les caractéristiques de la chose écartent sans aucun doute une quelconque facétie de Mère Univers. Les formes empruntant au règne batracien, l’artefact est surnommé Dieu-Grenouille. Une expédition multinationale est dépêchée dans la zone afin de l’étudier et de nous offrir un éventuel Premier Contact (à la Starfleet), Adrian Tchaïkovski s’en amuse d’ailleurs. Et ce ne sera pas la seule référence à la pop culture que vous rencontrerez au cours de cette escapade. Sur La Route d’Aldébaran en est truffé, et je m’en suis énormément amusée; elles étaient toutes appropriées, accessibles, et parfaitement placées. Nous pourrions presque concevoir un jeu dans cette novella : traquer et remonter chacune d’entre elles. C’est un des points forts du texte, qui permet de développer de l’humour – souvent noir – tout en participant à décrire le tempérament du personnage central, Gary Rendel, le narrateur et l’arpenteur de cette gigantesque structure.

En effet, celle-ci n’a que peu de chose à envier aux romans consacrés aux artefacts gigantesques, même si ses dimensions extérieures ne peuvent rivaliser avec les plus grands que ce soit La Grande Porte de Khol, Le Grand Vaisseau de Reed, ou enfin mon fabuleux Vison Aveugle de Watts. En revanche, l’intérieur du Dieu-Grenouille réserve bien des surprises, et s’avère d’une richesse inouïe, dépassant l’entendement. Il s’apparente au sac d’Hermione Granger : on y trouve tout. Tout.

Mais encore faut-il s’y retrouver, car les concepteurs de la chose n’ont rien fléché. En l’absence de mode d’emploi, charge aux arpenteurs de tout poil et de toute constitution de s’orienter. Aux côtés de Gary, perdu et esseulé dans les entrailles de la chose, le lecteur s’émerveillera de la créativité exo-biologique d’Adrian Tchaïkovski. Certes, les rencontres sont brèves, parfois écourtées par l’appel du ventre, mais elles tempèrent l’angoisse face à ces multitudes de galeries désertes, obscures, « achalandées » de pièges plus mortels les uns que les autres. Néanmoins, tout face-à-face est une source de méfiance, d’anxiété en soi et d’affrontement visuel quand cette option se présente… Toute forme de vie croisée au hasard d’un corridor ne descend pas de voyageurs interstellaires, coincés et aussi perdus que Gary dans ce dédale.

Humour noir, labyrinthe sans fin, ténèbres, pièges et dangers liés aux extraterrestres renforcent l’ambiance; une atmosphère pesante qui imprègne chaque page du roman. Même les passages relatant la genèse de l’expédition portent en eux une forme d’inéluctable. Le lecteur affronte chaque carrefour avec les tripes nouées, sur le qui-vive, à l’affût, l’agressivité en bouclier. Parfois, c’est une lueur d’espoir, bien trop fugace, bien souvent c’est horrible. Gary, en notre compagnie, parcours les entrailles de la bête, du Dieu-Grenouille, mais du point de vue de lecteur, il s’agit davantage d’un long processus de digestion de cet intrus humanoïde.

Tout en savourant la plume et la créativité d’Adrian Tchaïkovsy, je ne pouvais me départir de cette sensation angoissante à la lecture. La novella me rappelait un film (que je n’aime pas – désolée ) The Cube. Aussi, ai-je achevé ma lecture avec un sentiment en demi-teinte.

Sur la Route d’Aldébaran propose de chercher une issue dans un étrange labyrinthe à mi-chemin entre la digestion d’un batracien cosmique et les expériences digne de rats de laboratoire d’êtres supérieurs. Adrian Tchaïkovsky manie l’humour et les références avec brio, dans ce court roman de SF presque horrifique.

Ce livre est pour vous si :
  • Vous adorez les récits angoissants
  • Vous aimez les huis-clos bien ficelés
  • vous souhaitez un livre contenu mais avec du contenu
je vous le déconseille si :
  • Comme The Cube : beurrk!!
  • Mais, c’est magique cet objet!!
  • Vous avez des soucis de digestion

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Sur le Route d’Aldébaran d’ Adrian Tchaïkovski

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