Star Wars – Canon
Une once d’histoire
Star Wars bénéficie d’une immense aura de par le monde, grâce à une histoire simple, narrée à la perfection, des personnages sympathiques, un univers très ouvert et fourni, des « vilains » puissants et vraiment menaçants. La recette de Lucas fut parfaite et nous offrait en sus des effets spéciaux crédibles et révolutionnaires pour l’époque.
Star Wars pourrait se résumer à une invitation aux voyages, à l’héroïsme et à l’imagination.
Suite aux épisodes IV, V,VI, l’appétence du public pour des aventures dans cette galaxie émoustillante était à son comble. Hélas, nulle nouvelle de film(s) supplémentaire(s) pointait son nez à l’horizon de Tatooine…. laissant les fans sevrés et sur leur immense faim. Certes, il y avait quelques romans pilotés par Lucasfilm – veillant au grain et aux royalties ruisselant des produits dérivés – faisant office d’encas mais nul ouvrage comblait le vide ressenti ou rassasiait l’appétit d’un public avide et encore sous le choc de la découverte.
Ce fut durant cette période (vers 1990) que Lucas commanda une suite à ses fameux épisodes IV,V, VI. L’auteur choisi : Timothy Zahn, lauréat d’un prix HUGO en 1984 (et doctorant en sciences physiques).
Il écrit la trilogie de La Croisade Noire du Jedi Fou composée de L’Héritier de l’Empire, La Bataille des Jedi, et de L’Ultime Commandement. Ces trois romans provoquent leur petit tremblement de terre. En effet, les romans issus de l’univers de la franchise, ou d’autres d’ailleurs, s’écoulent avec de petits tirages (et majoritairement aux USA) et parfois à un rythme langoureux. Nous pouvons avancer que ce média fut loin d’être la poule aux œufs d’or… loin, bien loin de là.
Or, le premier tirage s’épuise en quelques jours. Les 5 premières éditions se vendent comme des petits pains, surprenant Lucasfilm, l’auteur, l’éditeur et les journaux américains. L’Héritier de l’Empire est un « best-seller »!
Les raisons sont multiples. Timothy Zahn respecte l’œuvre originale dans son esprit, écrit avec talent, reconduit avec bonheur la recette initiale, tout en démontrant de l’originalité, mais surtout met en scène un antagoniste de premier plan qui marquera durablement les esprits : Mith’raw’nuruodo, autrement nommé THRAWN.
Pour beaucoup, cette trilogie est considérée comme la suite officielle des épisodes IV, V,VI, tandis que Timothy Zahn s’est vu propulsé en fondateur de l’univers étendu, tant l’impact de la trilogie fut important, aussi bien en terme d’histoire, mais également de terreau narratif.
…
Jusqu’à ce que Disney rachète Lucasfilm et produise sa propre suite bancale sans âme. Toute la production antérieure à ce rachat, hormis les films sont « annulés », déclarés non « canon », tout l’univers étendu passe dans la catégorie Légendes, Thrawn également au grand dam des fans et de votre Lutin (car Thrawn est mon personnage préféré de SW).

Thrawn est canon
Un personnage de cette envergure ne pouvait pas rester aux oubliettes, sachant qu’il est LE favori en dehors des films… Je sais, je ne suis donc guère originale. Disney et Lucasfilm font donc de nouveau appel à Timohy Zahn pour « re-canoniser » Thrawn. Ce sera fait en 2018 avec un roman au titre simple et évocateur : Thrawn, début d’une trilogie suivant l’évolution du Chiss dans l’Empire de Palpatine.
Ce premier tome met en scène l’étrange alien à la peau bleue et aux yeux rouges, de sa découverte par une unité d’exploration jusqu’à son ascension au grade de Grand Amiral, le tout en quelques années (une dizaine). Connaissant la xénophobie inhérente à la politique militaire impériale, je vous laisse juger de la prouesse de l’alien…
Le tome 2, Alliance, se décompose en 2 parties avec deux périodes temporelle différentes présentant deux protagonistes : le Chiss Mith’raw’nuruodo et Anakin Skywalker d’une part, le Grand Amiral Thrawn et Dark Vador d’autre part. La loyauté de notre alien envers l’Empire est mise sur la sellette…
Trahison conclue cette première trilogie qui canonise Thrawn. Elle porte un titre évocateur tout en laissant un flou bienvenu sur qui va trahir qui…. Les événements concernent l’Étoile de la Mort, et se placent avant l’épisode IV….
Tout un programme dont il me tarde de vous entretenir!
Pour l’heure, nous nous consacreront à la deuxième trilogie « canon » (et la troisième consacrée à Thrawn si j’ai été assez claire…en comptant la Croisade Noire) : Thrawn, L’Ascendance.
L’Ascendance : Chaos Croissant
Timothy Zahn nous propose de suivre notre protagoniste principal, futur antagoniste de choc des Rebelles (ou Vilain suivant votre appréciation) depuis son jeune âge jusqu’à son recrutement par l’Empire, ceci étant pure spéculation de ma part, car je n’ai pas encore lu le dernier tome de cet ensemble. Mais sachant que Thrawn se retrouve dans les rangs impériaux, cette supputation n’est pas si capillotractée.
Notre alien bleu aux yeux rouges est un Chiss. Ces derniers sont des descendants humains dont le vaisseau (colonisateur ?) s’écrasa sur une planète qui connaitra par la suite une période glaciaire, poussant les générations suivantes dans une redoutable épreuve de survie, et modifiant peu à peu leur génétique initiale. Seuls les plus robustes et plus futés traversèrent les âges. Le résultat est visible, l’être humain a évolué en Chiss : plus fort, plus grand, plus rapide, plus intelligent (le QI de Thrawn est estimé entre 240 et 260, même dans son peuple il est vu comme un génie), peau bleu, yeux rouges, une ouïe légèrement supérieure et une vision qui s’étend dans l’infrarouge.
Les divers composés contenus dans la glace et l’eau de la planète Csilla ont conduit à cette pigmentation particulière, la recherche de chaleur et de gibier ont concouru à la légère amélioration de l’ouïe et à l’élargissement du spectre visible. Pour le reste, nous connaissons l’impact de la sélection naturelle sur les êtres vivants.
Le vaisseau a eu la malheur de s’écraser sur une planète reculée et très peu accessible dans cette partie de la galaxie, précisément nommée les Régions Inconnues. L’exploration y est difficile et périlleuse car différents phénomènes astronomiques compliquent la navigation ainsi que la circulation : masses gravitationnelles, planètes dérivantes, petits trous noirs, champs d’astéroïdes….
Les Chiss, de leurs côtés, ont baptisé la région en question : le Chaos. Vous percevez d’ores et déjà le jeu mot inclus dans le titre.
Nonobstant les obstacles, la perte de la majeure partie de leur technologie et savoirs, une planète inhospitalière, une zone qui l’est tout autant, les Chiss réussirent à s’installer au cours des millénaires suivants sur une vingtaine de planètes environnantes à Csilla, des cailloux vides de population et de civilisation. Le Chaos aidant, ils devinrent isolationnistes et centrés sur leur monde : l’Ascendance.
Pendant des milliers d’années, elle a été une île de tranquillité au milieu du Chaos. C’est un centre de pouvoir, un modèle de stabilité et un phare d’intégrité. Les Neuf Familles Régnantes la protègent de l’intérieur; la Flotte de Défense et d’Expansion en surveille les frontières. Elle laisse ses voisins en paix, ses ennemis en ruines. Elle est synonyme de lumière, de culture et de gloire.
C’est l’Ascendance Chiss.
Ci-dessus est la définition que donnent les Chiss à leur civilisation. Il est aisé de percevoir la philosophie qui anime ce peuple, et nous verrons un peu plus loin son importance.
De même, commençons-nous à deviner leur système culturel, axé sur une certaine sérénité et tranquillité, alliant assurance et détermination. Timothy Zahn a conçu un système hybride caste/famille qui emprunte à des civilisations toutes terriennes aussi bien au Japon qu’à l’Inde : les castes semblent inamovibles, l’appartenance à l’une d’elle implique des droits ainsi que des devoirs liés à la famille/caste. Ces impressions sont renforcées par l’honneur et la loyauté envers sa Famille qui régissent les interactions, qui conditionnent les luttes d’influences. S’ajoutent des rangs en leur sein, ainsi que des titres et fonctions, l’ensemble restant tout à fait cohérent.
En ressort une sensation d’exotisme et de richesse loin d’être désagréable.
Les Familles Régnantes ont la charge de l’administration de l’Ascendance, chacune assurant un porte-feuille spécifique, sans que cela interdise aux étrangers à celle-ci de faire carrière dans la variété des branches existantes. La Famille Mitth verse dans l’aspect militaire de l’Ascendance Chiss, tous ses membres ne sont pas militaires, tandis que Flotte et Armée ne sont pas uniquement constituées des membres de cette dernière… Heureusement pour la stabilité de l’état!
Pourtant, changer de Famille est possible…. SI vous êtes prometteur, vous pouvez devenir membre de l’une d’entre elle, plus puissante que la vôtre, et même attirer le regard d’une des 9 Familles Régnantes.
Et Thrawn dans tout ce chaos ?
C’est par son intermédiaire que nous découvrons le fonctionnement de l’Ascendance Chiss. Le jeune Kivu’raw’nuru est repéré par la Famille Régnante Mitth. Il fait preuve de capacités intellectuelles au-delà de la moyenne (élevée pour les Chiss) ainsi que d’une faculté d’observation remarquable. Un membre déjà élevé dans la hiérarchie familiale, Thurfian (Mitth’urf’ianico), est chargé de l’entretien qui confirmera son potentiel. Mais ce dernier est court-circuité par une autorité supérieure qui valide de facto son appartenance; en gardera-t-il un ressentiment, l’avenir vous le dira… Ainsi Kivu’raw’nuru devient Mitth’raw’nuru (vous noterez la différence avec Mitth’raw’nuruodo, hein ?)
Notre jeune Thrawn s’illustre à plusieurs reprises, connaît quelques échecs, irrite aussi, notamment Thurfian qui décide qu’il est temps de mettre ce jeune Mitth au pas, voire de l’éjecter de la Famille, car cela est possible tant que vous n’avez pas atteint un certain seuil au sein de celle-ci.
Toujours est-il que Thurfian prévoit quelques stratagèmes en collusion avec un « ami », qui s’apparentent à des pétard mouillés dans ce premier tome. En effet, Thrawn déjoue les pièges avec un certain brio, et surtout l’appui d’une supérieure, la future amiral Al’rani, et celui de l’Amiral Ba’kif. Thrawn est le génie militaire par excellence, mais un éléphant sur l’échiquier politique…
Dernière particularité de Thrawn, de taille, car elle est à la base de son personnage : il est féru d’Art, accessoirement de philosophie.
Ce tome se compose d’une trame principale dans le présent qui permet à notre protagoniste de déjouer les pièges d’un duo qui ne lui veut que du « bien », et de Souvenirs qui retracent son parcours et dévoilent peu à peu la personnalité et les motivations de Thurfian.
Les scènes de bataille sont particulièrement visuelles, variées, animées et très intéressantes à suivre. Les personnages sont attachants, ou alors à claquer.
Thrawn y est décrit comme un génie avec des failles, loin d’être encore le Grand Amiral que nous avons connu précédemment, mais nous sentons déjà les germes de son envergure, et la réserve qu’il affichera ultérieurement. Son implication pour l’Ascendance est sans faille, un moteur de motivation qui ne le quitte jamais…et qui le pousse à franchir le Rubicon : attaquer un ennemi potentiel (contraire à la politique Chiss, et totalement interdit par ses principes). Son évolution est très agréable, cohérente et soignée.
Al’rani est sa supérieure et amie, elle le couvre autant que faire se peut, n’hésitant pas à mettre sa carrière en jeu. Ce personnage est aussi une petite pépite, et tout aussi soignée, avec une évolution presque aussi intéressante car nous la suivons dans chacune des trames temporelles.
Thalias accompagne Thrawn dans les événements du présent, elle éprouve une attirance amoureuse pour le chiss sans que l’on perçoive une réciprocité.
Les autres personnages secondaires appartenant à divers peuples ou aux Chiss sont plutôt bien campés, avec de la variété, la touche qui fait de Star Wars ce qu’il est sur ce plan : originalité, traits marqués, « autre ».
Belle traduction par Lucile Galliot (ayant lu la VO peu de temps auparavant).
En conclusion
L’Ascendance ; Chaos Croisssant est un très bon premier tome qui installe les ingrédients pour le chaos à venir. Timothy Zahn distille les menaces, et place les pions avec habileté. Malgré les réussites successives de Thrawn et de ses acolytes, nous sentons les tensions croitre, les mâchoires d’un piège se préciser.
Découvrir les Chiss est un grand bonheur, et les voir aussi particuliers leur donne davantage de saveur.
Ce livre est pour vous si :
- Vous adorez l’univers de Star Wars
- Vous aimez découvrir des civilisations
- La Science-Fantasy, c’est de la balle!
je vous le déconseille si :
- SW : beurk!
- Non aux batailles spatiales, je veux des sabres-lasers
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Thrawn L’Ascendance : Chaos Croissant

Superbe article! On sent ta passion, et tu donnes envie de découvrir l’oeuvre de Timothy Zahn.
Merci!!!!
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Merci beaucoup, c’est fait pour aussi!.
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