A la pointe de l’épée de Ellen Kushner
« Richard Saint-Vière est le plus fameux des tueurs des Bords-d’Eau, le quartier des pickpockets et des prostituées. Aussi brillant qu’impitoyable, violent à ses heures, ce dandy scandaleux gagne sa vie comme mercenaire en vendant ses talents de bretteur au plus offrant, sans trop se soucier de morale. Mais tout va se compliquer lorsque, pour de mystérieuses raisons, certains nobles de la Cité décident de se disputer ses services exclusifs ; Saint-Vière va dès lors se retrouver au cœur d’un inextricable dédale d’intrigues politiques et romanesques qui pourraient bien finir par lui coûter la vie… »
Tentant, n’est-ce pas ?
Personnellement, ce quatrième de couverture m’a vraiment séduite, et quand le roman s’avère doté d’une réputation flatteuse, il devient difficile d’y résister. Je n’ai pas pu.
La promesse de l’éditeur Calman-Levy mise sur une fantasy épique, romanesque, sombre et « profondément dérangeante« , même le grand Alexandre Dumas est invoqué pour adouber l’auteur et sa prose. Que du bonheur en perspective!
Le cadre du récit ne nous est pas étranger puisque l’histoire ce déroule dans un monde certes inconnu mais présentant de grandes ressemblances avec l’ère des Louis XIII et Louis XIV. Les intrigues de Cour bercent la vie quotidienne d’une foule de courtisans, le poison côtoie le poisson pour mieux endeuiller le rival ou l’adversaire d’une vie – ou d’une broutille. Cette société allie une pudibonderie de bon ton – tout aussi hypocrite que sournoise – à l avidité d’un chacal affamé.
Ellen Kushner nous offre un univers relativement familier du point de vue de l’ambiance de cour, qui diffère des cadres classiques de la fantasy médiévale abritant trolls, elfes ou autres licornes ou crapauds ailés, imbibés d’une magie puissante et spectaculaire. Non, ici le lecteur plongera deux à trois cent ans en arrière, dans la veine de Pierre Pevel et Les Lames du Cardinal– la comparaison cesse à ce niveau. Ce roman s’apparente presque à un roman de cape et d’épée. Presque…
Nous y suivons les aventures de Richard Saint-Vière, un « héros » cynique et amoral à souhait. Il loue ses services de bretteur pour gagner sa vie et tout le monde se l’arrache… Son talent est aussi affûté que le pointe de son épée. C’est l’anti-héros à la mode, même si l’auteur a pris le soin de lui donner du corps et de l’envergure. Le lecteur ne sera pas surpris bouche bée de surprise et d’admiration à la découverte de St-Vière, cependant, il passera un agréable moment en sa compagnie. De plus, cet opus regorge de personnages secondaires écrits avec soin, qui interagissent avec le héros d’une manière convaincante et qui permettent d’entrevoir l’homme se cachant derrière le tueur…
A la pointe de l’épée rappelle Les mensonges de Locke Lamora, les protagonistes partagent des traits de caractères, quelques ressorts de l’intrigue sont similaires ainsi que la volonté des auteurs de nous offrir une fantasy allégée en matière magique, voire très allégée. Une main de fer dans un gant de velours qui n’a rien à voir avec la violence et l’ambiance noire des romans de dark fantasy, telle que La compagnie Noire de Glen Cook ou Servir Froid d‘Abercrombie qui joue davantage dans ce registre de cape et d’épée.
L’intrigue est efficace, le suspens au rendez-vous et l’auteur parvient avec brio à nous maintenir en haleine. L’écriture est limpide, fluide. Le rythme est bien enlevé et la traduction des plus correcte.
Mais d’Alexandre Dumas, je n’en ai point trouvé dans ces pages. Il ne tient pas les promesses évoquées par l’éditeur en terme de dark fantasy d' »œuvre forte, profondément dérangeante, sur la nature de la réalité et la moralité de la violence« . En revanche, l’univers dépeint y est séduisant notamment grâce à un changement de référence historique maîtrisé. Malgré les bémols que je cite, je l’ai lu d’une traite et l’ai trouvé divertissant à souhait.
Bref, un pur moment de plaisir qui ne se boude pas.
Gros carton rouge à l’éditeur qui a abandonné purement et simplement le projet.
Désolée pour les premiers lecteurs, avec une erreur de manip, j’ai présenté mon brouillon et non l’article finalisé.
Autres critiques :
Boudicca –
Déçue aussi de ne pas voir la suite arriver 😦
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[…] Autres critiques : Lutin82 ( Albédo – Univers imaginaires) […]
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Fait partie de ma BàL astronomique !
Juste un point de détail : j’imagine que tu parles d’Ellen Kushner, pas d’Elle Kushnel comme tu l’écris au milieu de ton article…
A.C.
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C’est pas mal et on passe un bon moment, même sir cela n’est pas révolutionnaire!
Oui, il s’agit bien d’Ellen Kushner.
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Je me disais bien, aussi… 😉
Soit dit en passant, même si je ne l’ai jamais rencontrée (ni même lue, donc), c’est une femme charmante. Je me souviens qu’une fois, sur FB, on avait discuté magret de canard et Sud-Ouest de la France, une région qu’elle appréciait beaucoup…
A.C.
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c’est sympa d’avoir des auteurs dispo comme cela. Heureuse pour toi et bonne lecture.
Merci de m’avoir signalée l’erreur. 😉
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Au fait, en rangeant le bouquin de Martin Lessard dans ma bibliothèque, je me suis rendu compte que ce n’était pas « A la pointe de l’épée », le livre que j’avais de Kushner, mais « Thomas le Rimeur ».
Voilà, c’est tout.
A.C.
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LOL!
L’autre jour je cherchais partout un bouquin. J’ai fait toutes les bibliothèques de la maison, les pièces, les toilettes. Impossible de le trouver.
En fait, je ne l’ai pas perdu, je l’ai juste sous format numèrique…
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La chronique me fait penser à la trilogie de Pierre Pevel. Je me trompe ?
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La comparaison n’est pas fausse, il y a effectivement une résonance avec Pevel au niveau de l’époque, et de l’ambiance Louis XIII. Après cela diffère dans le traitement de l’intrigue et l’aspect fantasy qui est bien plus prononcé chez l’auteur français.
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En France, chez certains éditeurs, ‘dérangeant’ signifie, en langage codé, personnages gays…
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Ah. merci de cette précision que j’ignorais. Le roman demeure « non-dérangeant » de mon point de vue. 🙂
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Je l’avais trouvé lors d’un déclassement celui-ci. Du coup, tu viens de me convaincre de le sortir de ma PAL. Juste une chose, tu dis que l’éditeur n’a pas poursuivi la parution des autres tomes. Le premier se finit sur un cliffhanger ou il se suffit à lui-même?
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Il se suffit à lui-même mais offre des ouvertures intéressantes et tu te retrouves à avoir envie de lire la suite, énormément. du coup c’est un peu frustrant.
J’étais épuisée hier et j’ai vu une multitudes de fautes. Sorry pour la lecture de cet article qui a pas du être géniale… 😉
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Super, merci pour ta réponse! Ne t’inquiète pas pour les fautes. Moi aussi, des fois, cela m’arrive de revenir sur un de mes articles, le lendemain car j’en ai oublié une!
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Merci!
Régale toi, c’est très agréable.
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Du coup, tu m’as donné envie de le remonter dans mon programme de lecture, il est donc passé de décembre… 2017 à Mars 😀
Pas de souci pour les fautes, moi j’ai beau lire, relire ou re-relire, chaque fois que je relis un de mes vieux articles, je tombe sur une faute tellement énorme que je n’arrive pas à comprendre comment j’ai pu la manquer les 2115 fois précédentes 😉
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Merci Apo! Vous me rassurez tous, mais il y en avait de tant énorme…. ^^
Je pense que ce roman te plaira même si tu ne l’inclura sans doute pas dans tes cultes.
Le changement de décor habituel y est pour beaucoup.
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Ah ben pour le coup je n’avais pas accroché à ce roman, divertissant mais vraiment sans plus. C’est à se demander si j’ai pas raté quelque chose vu l’enthousiasme pour ce texte !
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Non, il est très divertissant mais ne révolutionne rien. J’ai passé un très bon moment, je ne regrette pas ma lecture. Mais voilà, pas un livre « mémorable ».
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De l’auteur, « Thomas le Rimeur » est une envie encore non satisfaite, mais je ne connaissais pas du tout ce titre-là en revanche ^^ Chouette découverte, merci 🙂
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Je t’en prie. Malheureusement il n’y a pas la suite, et ce n’est pas prévu. Le tome peut se lire tout seul, mais le lecteur finit sur une frustration du coup…
A voir, si cela vaut le coup d’investir du temps dans cette lecture. 🙂
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