Le Sorcier de Terremer – Tome 1 de Terremer
de Ursula Le Guin
Numérique
« N’as-tu jamais réfléchi au fait que le danger accompagne le pouvoir comme l’ombre la lumière? »
Cette question est assez représentative de ce premier tome d’immersion dans Terremer, une question de complémentarité, d’équilibre dans la nature des êtres et des choses. Tout est un jeu d’ombres et de lumières, l’un ne peut exister sans l’autre (même les ténèbres qui dans ce cas n’auraient plus aucune référence.)
C’est donc ce que Ged, le héros, va découvrir lors de son apprentissage dans une école de sorciers (1968, bien antérieur à Harry Potter et consorts) et à l’issue de sa formation lorsqu’il devra affronter sa Némésis. Ged est appelé usuellement « Epervier« . En effet, les noms véritables sont au cœur de ce cycle, en tant que nature vraie des éléments vivants ou non, composant le monde. Détenir le nom véritable d’une chose ou d’une personne c’est détenir une parcelle de pouvoir sur cette chose ou cette personne, l’étendue de ce pouvoir dépend uniquement de la puissance de celui qui l’utilise (et au final c’est bien le cas dans la vie réelle).
Ce concept de magie est à la fois simple et complexe dans son élaboration, simple par la mise en œuvre pour le sorcier ou mage, mais également pour le lecteur qui peut rapidement intégrer le processus. Mais, c’est aussi complexe car la maîtrise de cette magie requiert un don – aussi infime soit-il – et surtout la connaissance des mots de la langue ancienne, le langage de la Création, et tout au moins ceux de l’objet du sort. Par exemple, pour devenir le Maître des Mers, il faut connaître le nom de toutes les mers de l’ensemble de Terremer, du plus vaste océan à la plus petite crique… sachant qu’une partie de Terremer est inconnue ou inexplorée!
« C’est ainsi que ce qui nous donne le pouvoir d’exercer la magie nous en fixe en même temps les limites.«
Ursula Le Guin n’a pas pour autant une approche d’une magie soft, car celle-ci peut être immense (stopper un tremblement de terre, invoquer les morts), mais elle a réussi à créer une puissance qui demeure contrainte par des limites physiques du monde dans lequel le sorcier évolue. Ainsi, nous avons une création assez paradoxale : une magie potentiellement très puissante mais à dimension humaine. Tout est question d’équilibre et de subtilité.
A la lecture on découvre une œuvre de fantasy différente des standards actuels, avec une sobriété dans l’écriture et dans les effets, une plume poétique et très fluide. Loin d’être dépassée, je lui trouve justement modernité et originalité, où le propos et l’ambiance sont tout aussi importants que l’action et la trame elle-même. Effectivement, ici, il n’est pas question que l’action le dispute aux rebondissements, aux traîtrises ou aux scènes crues. Le voyage offert est autant un voyage intérieur, qu’une visite des îles ou groupes d’îles que forment Terremer. Chaque étape à sa saveur, sa particularité, ses coutumes, parfois familières et parfois exotiques. Et le tout forme un ensemble cohérent et … équilibré.
Nous suivons donc les péripéties de Ged, et de différents « compagnons », ceux-ci varient au fur et à mesure des voyages d’Epervier, chaque chapitre étant consacré à une halte et à un personnage secondaire différent. Seul Ogion, le Maître initial de Ged fera une réapparition dans le roman. Malgré ce foisonnement de lieux, de personnages et de voyages, le lecteur ne se perd pas car Ursula Le Guin excelle à maintenir le cap .
Nonobstant l’ensemble de ces qualités, cette fantasy introspective peut échauder le lecteur avide de sensations fortes et de spectaculaire. La dimension intérieure est primordiale et la quête toute personnelle de Ged est avant tout une recherche de soi et de sa nature réelle, impliquant d’accepter ses limites, ses qualités et ses peurs.
Je recommande chaudement la lecture de l’avis d’Apophis ( suivre le lien), c’est à la suite de celle-ci que j’ai choisi de lire Terremer, malgré ma déconvenue au visionnage du téléfilm.
En résumé, une œuvre référence de fantasy, poétique et subtile qui demeure prégnante longtemps après sa lecture.
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